Antisémitisme : la solidarité tardive de La France insoumise

Published 18/02/2019 in https:2019/02/18/

Antisémitisme : la solidarité tardive de La France insoumise
Jean-Luc Mélenchon, devant l’Elysée, le 6 février.

Gilets jaunes

Après des condamnations parfois minimales, le parti mélenchoniste craint d’être pris à partie mardi, comme lors du défilé de mars 2018.

Une histoire qui se répète : Jean-Luc Mélenchon se retrouve au centre des regards à la veille d’un rassemblement contre l’antisémitisme. Plusieurs figures politiques lui reprochent sa réaction tardive après l’agression d’Alain Finkielkraut, samedi à Paris, par une poignée de gilets jaunes. La manière crée aussi le débat. «Conscient de l’instrumentalisation de l’antisémitisme, je crois aussi qu’il ne faut jamais laisser passer le racisme», a-t-il fini par tweeter dimanche soir. Le chef de La France insoumise (LFI) souligne qu’il y avait autour de l’académicien des manifestants qui voulaient le «défendre et s’opposer à l’attaque» et se «range» personnellement du côté des défenseurs de Finkielkraut. Insuffisant pour beaucoup, qui attendaient une condamnation plus ferme.

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«Tentative d’instrumentalisation». La sortie de Thomas Guénolé n’a rien arrangé. Le politologue et candidat sur la liste LFI aux européennes a tapoté sur Twitter samedi : «Cela fait des années qu’Alain Finkielkraut répand la haine en France. Contre les jeunes de banlieue. Contre les musulmans. Contre l’Education nationale. Etc. L’insulter, comme insulter quiconque, est condamnable. Mais le plaindre, certainement pas.» Tollé sur les réseaux sociaux et dans la vraie vie. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux : «Face à l’antisémitisme, avoir le moindre doute, la moindre ambiguïté, c’est insupportable.» Agnès Buzyn, ministre de la Santé : «C’est un naufrage Mélenchon, je pense que son parti couvre des choses intolérables.»

LFI tente de se faire entendre et de se défendre. Manuel Bompard, numéro 2 sur la liste européenne : «Le niveau d’insultes et de tensions est irresponsable. Nous avons toujours combattu le racisme et l’antisémitisme, toujours et sans ambiguïté.» Selon cette tête pensante du mouvement, c’est une «tentative d’instrumentalisation politique» contre les gilets jaunes et LFI : «Inacceptable.» Lundi, le mouvement a reçu des insultes et des menaces. Lorqu’on interroge Bompard sur Guénolé, il prend un peu ses distances : «Il condamne l’agression, mais c’est vrai qu’il manque de compassion pour la victime.»

Si l’on regarde d’un peu plus près, la polémique est née avant l’agression de Finkielkraut. La semaine passée, lorsque les socialistes ont annoncé le rassemblement parisien contre l’antisémitisme, le logo LFI ne figurait pas sur le visuel. Le mouvement s’est fâché, affirmant ne pas avoir été invité. Patron du PS, Olivier Faure a expliqué avoir envoyé un message à Jean-Luc Mélenchon via Telegram: « Vous verrez qu’il l’a reçu et lu à 15 h 06 mardi. Sans y répondre. Mais il n’y a aucune exclusive, bien au contraire.» Une grande cour de récréation.

«Humiliés». Ce mardi matin, LFI organise une conférence de presse à l’Assemblée pour revenir sur les différentes polémiques. Et le soir, de nombreux leaders du mouvement seront dans la rue. Pas sans craintes, car ils n’oublient pas un épisode récent : en mars 2018, Mélenchon et les siens avaient été pris à partie lors de l’hommage à Mireille Knoll, cette rescapée de la Shoah poignardée chez elle. Insultes, bousculade et exfiltration. «Nous avons été humiliés sous le regard de tout le gouvernement et personne n’a bougé», se souvient Alexis Corbière. Le député LFI de Seine-Saint-Denis craint que l’épisode ne se répète à cause d’une «polémique irresponsable». Il demande aux organisateurs du rassemblement de garantir une sécurité «sûre» afin d’éviter que cela «prenne d’autres proportions».

ParRachid Laïreche

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