Climat : une décision européenne d’ampleur bloquée par la Pologne

Published 21/06/2019 in Uncategorized

Climat : une décision européenne d’ampleur bloquée par la Pologne
De jeunes activistes tiennent une pancarte appelant à «brûler le capitalisme» et à la fin du charbon, lors des Fridays for Future, devant la cathédrale de Cologne le 24 mai.

Environnement

Lors du Conseil européen, jeudi, 24 Etats ont soutenu la stratégie de la Commission européenne pour une réduction à zéro émission nette d’ici 2050. Seuls quatre pays ont bloqué, la Pologne en tête.

Il aura fallu un travail de longue haleine. En première ligne, la France, l’Espagne et les Pays-Bas se sont battus pendant plusieurs mois pour réussir à convaincre leurs homologues du Conseil européen d’engager l’Union européenne dans une stratégie de long terme pour réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre à zéro d’ici à 2050. Finalement, jeudi, après deux heures de débat intense à Bruxelles, les trois leaders n’ont pas eu gain de cause. La décision qui nécessitait l’unanimité a été bloquée par la Pologne, qui a réussi à rallier la République Tchèque, la Hongrie et l’Estonie au dernier moment.

Dans la déclaration finale du Conseil, seule une note de bas de page évoque l’objectif débattu : «Pour une grande majorité d’Etats membres, la neutralité carbone doit être atteinte d’ici à 2050.» Rien de plus.

Pour Miguel Arias Cañete, le commissaire à l’action climatique, c’est un dur échec, juste avant son départ. Pendant la campagne pour les élections européennes, l’Espagnol a réalisé un tour d’Europe pour persuader les chefs d’Etat de soutenir le plan présenté par la Commission en novembre. «Cette transition nous apportera une augmentation du PIB de 2 %, assurait-il en décembre à Libération, lors de la COP 24. Le développement des énergies renouvelables, de la mobilité décarbonée, l’amélioration de l’efficacité énergétique avec la rénovation des bâtiments, le changement des systèmes de chauffage vont aider des PME et créer des emplois.»

La percée des Verts aux élections européennes a, sans aucun doute, participé à renverser les rapports de force au sein du Conseil. Pas suffisamment. «Malgré un large ralliement européen autour de ce projet d’une société neutre en carbone d’ici le milieu du siècle, le blocage par quatre Etats révèle la fracture grandissante au sein de l’Union sur l’enjeu climatique», commente Neil Makaroff, expert Europe pour le Réseau action climat France.

Vingt-quatre Etats soutiennent tout de même l’objectif de long terme. Poussés par la mobilisation des jeunes pour le climat, certains Etats ont pris les devants. La semaine dernière, le Royaume-Uni a inscrit dans sa législation la même visée pour 2050. La France s’apprête à le faire dans le projet de loi Energie-climat. L’Irlande vient de publier un ambitieux ensemble de 200 mesures allant dans le même sens, tandis que la Finlande et la Suède sont allées encore plus loin en proposant une loi pour des émissions nettes réduites à zéro d’ici 2035 et 2045 respectivement.

Une occasion manquée

L’Union européenne arrivera donc les mains vides au sommet exceptionnel sur le climat, organisé en septembre à New York par le secrétaire général Antonio Guterres.

La répartition du budget européen, qui doit être décidée dans les prochains mois, reste cruciale pour compenser cette occasion manquée par des investissements ambitieux. La Commission européenne propose que 25% du budget total soit alloué aux financements verts.

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«Les dirigeants européens doivent d’urgence retourner autour de la table des négociations lors d’un autre Conseil européen pour contourner le veto avant le sommet des Nations unies de septembre», appelle Wendel Trio, directeur du Réseau Action Climat (RAC) Europe.

Actuellement, l’Union s’est fixée de réduire ses émissions de 40% par rapport à 1990 d’ici onze ans. Seulement, plusieurs politiques sur les énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique, votées l’an dernier, mèneraient de facto les 28 vers une réduction de 45% des émissions si elles sont respectées. Malgré cela, de nombreux chefs d’Etat sont réticents à rehausser leur objectif commun.

Sans donner de chiffre précis, l’Elysée soutient une telle relève avant la fin de 2020, comme le recommande l’accord de Paris sur le climat. Pour le RAC, l’UE devrait essayer d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040 et, pour cela, réduire ses émissions de 65% pour 2030. Antonio Guterres appelle, de son côté, à une réduction de 55% d’ici onze ans.

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ParAude Massiot

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