La biodiversité française sous pression

Published 11/07/2019 in https:2019/07/11/

La biodiversité française sous pression
L’avoine barbue, végétal à préférence thermique forte, s’est développée et a vu sa quantité augmenter, là où elle était présente mais aussi sur de nouveaux territoires.

Selon une étude

La faune et la flore françaises subissent de nombreuses pressions liées au réchauffement climatique mais aussi à l’activité humaine. Une étude de l’Observatoire national de la biodiversité identifie les régions de France les plus touchées par ces pressions, alors que la flore française a déjà commencé à s’adapter aux changements climatiques.

Pourquoi la biodiversité française disparait-elle et où est-elle le plus en danger ? C’est à cette question qu’essaie de répondre l’Observatoire national de la biodiversité dans son bilan annuel. L’ONB a en effet identifié les différentes pressions naturelles et artificielles que subit le territoire français et qui ont un impact sur la biodiversité de la France. Parmi ces pressions, les auteurs du rapport pointent la surexploitation des ressources, le changement climatique, les pollutions, l’artificialisation du territoire et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes (comme la liane papillon à la Réunion ou le moustique tigre en France métropolitaine). Grâce à l’étude de ces critères, l’ONB a réussi à identifier les zones dans lesquelles la biodiversité française est le plus en danger.

Les résultats sont regroupés sur une carte inédite de la France, qui identifie la côte Atlantique, la côte méditerranéenne ainsi que le nord-ouest du pays comme des zones sous fortes pressions pour la biodiversité. Facteur aggravant, ces régions sont également les plus densément peuplées. L’action humaine, via l’exploitation des ressources ou encore la hausse des échanges, a un impact, jusqu’à maintenant, négatif sur la biodiversité française.

Et la situation change rapidement, constate Christophe Aubel, directeur de l’Agence française pour la biodiversité. «L’évolution de la biodiversité se voit à échelle humaine. On parle souvent des insectes dont la diminution est visible sur les pare-brise des voitures. Mais les hirondelles sont aussi plus rares qu’il y a quarante ans.» De même, bien que plus compliquée à quantifier, la flore française est elle aussi fortement impactée par ces pressions et plus particulièrement par le réchauffement climatique.

Flore en migration

C’est notamment le constat dressé ce mercredi par cinq chercheurs du Centre d’écologie et des sciences de la conservation, de l’Isem Montpellier et de l’IEES Paris. Ces scientifiques ont étudié neuf années d’observations de la flore française réalisées par des bénévoles du programme de sciences participatives Vigie-Flore. Ces passionnés de botanique ont relevé, tous les ans aux mêmes endroits, les espèces botaniques présentes et ont ensuite partagé leurs données avec le Musée national d’histoire naturelle.

Les scientifiques ont donc compilé ces informations en regardant principalement l’abondance et la localisation des différentes plantes étudiées. Et le résultat est «inattendu» d’après Gabrielle Martin, l’une des chercheuses de l’étude. «Dans l’imaginaire collectif, on a l’impression que la flore ne change pas et est immobile». Mais cette étude, menée sur plus de 2400 espèces végétales françaises, prouve le contraire.

Les chercheurs ont en effet découvert que l’identité des plantes et leur abondance dans un endroit donné avaient beaucoup changé entre 2009 et 2017. Les végétaux à préférence thermique forte (c’est-à-dire habituées à la chaleur), comme l’avoine barbue ou le brome de Madrid, se sont développés et ont vu leur quantité augmenter, là où ils étaient présents mais aussi sur de nouveaux territoires. A contrario, les espèces à préférence thermique faible ont vu leur abondance décliner et ont perdu du terrain. Sont concernés par ce phénomène, la renouée faux liseron ou encore le cerfeuil sauvage.

Réponse rapide

Ces évolutions sont également surprenantes, car elles ont pris place sur une période courte de neuf ans. «Cette étude est la première à montrer la réponse aussi rapide de la flore aux changements climatiques», assure Gabrielle Martin. «De telles études avaient déjà été menées pour des régions mais jamais sur la globalité du territoire.»

Autre nouveauté de cette étude, la preuve que ces phénomènes de migration de la flore se déroulent aussi dans les plaines. «Il est connu depuis longtemps dans la littérature scientifique que dans les montagnes, certaines espèces vivent de plus en plus haut en altitude, afin d’y trouver des températures qui leur conviennent», explique la scientifique. Mais désormais, toutes les espèces pourraient être concernées par ce phénomène, bien qu’il n’ait pas été observé sur tous les végétaux. Certains étant des plantes pérennes (avec un cycle de vie supérieur à un an), leur migration pourrait prendre plusieurs années. Mais pour la flore annuelle (cycle de vie d’une année), celle-ci a déjà bien commencé.

ParLucie Lespinasse

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