Basket : la France défie le dessus du panier

Published 10/09/2019 in Sports

Basket : la France défie le dessus du panier
Evan Fournier, lors de France-Allemagne, le 1er septembre.

Récit

Les Bleus affronteront ce mercredi l’équipe américaine en quarts de finale du Mondial. Si la défaite face à l’Australie a révélé certaines faiblesses, les Tricolores ont leur carte à jouer.

«En attaque, il n’y a pas eu de problème. Il faut penser à ce qu’on a fait de mal en défense, et surtout rester ensemble.» Malgré la frustration, Nicolas Batum, l’un des poids lourds de l’équipe de France depuis la retraite de Tony Parker, était lucide après la défaite lundi (98-100) contre l’Australie. Mais cet échec coûte cher : les Bleus terminent deuxièmes de leur groupe et affrontent ce mercredi (à 13 heures, sur Canal + Sport) l’ogre américain en quarts de finale de la Coupe du monde de basket.

On entend des choses étranges sur le Team USA depuis le début du tournoi. Sous prétexte que ses superstars n’ont pas daigné participer à une compétition qui est loin d’être reine outre-Atlantique – les Jeux olympiques ont bien meilleure cote -, la Serbie ou l’Espagne leur seraient supérieurs. Une théorie confortée par les premières rencontres, dans lesquelles les Américains ont patiné, face aux Turcs, miraculeusement battus (93-92) en prolongation. Mais voilà : cinq victoires en cinq matchs, difficile de feindre la surprise puisque portent le maillot de la bannière étoilée des athlètes comme Kemba Walker, meneur de jeu hors pair, Myles Turner, intérieur technique et très intelligent, ou encore Harrison Barnes, 27 ans au printemps, et qui était dans le cinq majeur des Warriors de 2015, champions magnifiques. Accessoirement, tout ce beau monde est dirigé par l’un des deux ou trois meilleurs coachs que la planète basket a vu défiler dans l’histoire de ce sport : Gregg Popovich, à la barre des Spurs depuis 1996, 5 titres de NBA raflés depuis lors.

«Alchimie»

Le déni pourrait s’achever mercredi, tant la montée en puissance d’un effectif qui se découvre est réelle. «Je pense que l’alchimie s’opère une fois que vous faites face à l’adversité et que vous devez la traverser , a prévenu Jaylen Brown, arrière des Boston Celtics, après la victoire de son équipe contre le Brésil lundi. Nous avons été mis au pied du mur plusieurs fois depuis le début de la préparation, le 4 août. On est quoi, le 10, le 9 septembre ? Nous avons déjà vécu beaucoup de choses ensemble. Et nous devons juste continuer à nous améliorer.» Le perfectionnement s’est notamment déroulé en défense : contre le Japon et la Grèce du meilleur joueur de NBA l’an dernier, Giánnis Antetokoúnmpo, ils n’ont concédé en cumulé que 98 points, un record pour le Team USA depuis 1988. «Je leur ai dit que s’ils ne jouaient pas en défense tout le temps comme ça, leurs contrats NBA seraient alors résiliés», a blagué Popovich, à moitié tout de même, puisque le tacticien sait que les victoires dans les matchs couperets de la balle orange se gagnent dans l’énergie défensive plutôt que dans le show offensif.

La France affronte une montagne. Mais les joueurs comptent l’aborder par la bonne face, c’est-à-dire avec une ambition raisonnée : partir battu contre le Team USA, c’est la volée assurée.

Les Bleus restent conscients de ce qu’ils auront à produire, à commencer par rectifier cette satanée défense, point fort des Tricolores lors de ce Mondial jusqu’aux 100 points des Australiens lundi. Le coach des Bleus, Vincent Collet, abonde : «Je regrette les quelques erreurs en fin de match. On a fait de bons stops, mais de l’autre côté, on a fait deux ou trois erreurs de suite qui leur ont donné des lancers francs et des possessions. On n’a perdu que six ballons dans le match, mais c’est assez pour perdre.» A la fin d’une rencontre contre l’Australie que la France menait jusque dans la dernière minute, le pivot Rudy Gobert a par exemple commis des bévues qu’on ne lui connaît pas, lui qui a été élu pour la deuxième saison de suite meilleur défenseur de NBA – donc du monde.

«Energie»

Sur le papier, la France arrive malgré tout armée. Outre Gobert et Batum, l’effectif compte dans ses rangs d’autres acteurs de la ligue nord américaine, à l’instar d’un Evan Fournier, resplendissant depuis le début de la Coupe du monde (31 points contre l’Australie), ou un Nando de Colo toujours précieux, qui pourrait lui aussi figurer sans problème dans un effectif NBA. Les Bleus ne seront pas perdus face à l’armada américaine. Et ils parlent le même langage.

L’approche du match n’est cependant pas des plus favorables. Même si de nombreux joueurs sont habitués à parcourir de longues distances en avion entre deux rencontres qui se déroulent dans les quarante-huit heures, le staff des Bleus pestait lundi contre l’organisation car les joueurs ont dû faire tôt mardi matin les 1 350 km qui les séparaient de Dongguan, entre Canton et Hongkong, tandis que les Américains se trouvaient déjà dans le secteur.

«Ce qu’il faut, c’est retrouver de l’énergie, rappelle Vincent Collet. Cela sera indispensable parce qu’on va franchir un cap dans la valeur athlétique. Dans la vitesse, les Américains sont les maîtres du monde. Il va falloir qu’on s’oppose à ça, et pour avoir une chance de s’y opposer, il va falloir des jambes.» Il martèle : «On va tenter l’impossible exploit. On sait ce que ce match représente.» Nous aussi : la potentielle plus grande prouesse des Bleus depuis le triomphe face à l’Espagne en demi-finale de l’Euro 2014.

ParDamien Dole

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