Après la mort, les corps bougent encore

Published 21/09/2019 in https:2019/09/21/

Après la mort, les corps bougent encore
Placement d’un cadavre et de cinq caméras (numérotées de A à E) pour observer la décomposition durant six mois, dans la ferme australienne de recherche AFTER.

Sciences

Un laboratoire australien à ciel ouvert étudie la décomposition des corps humains et constate que les membres peuvent se déplacer sans intervention extérieure, plusieurs mois après la mort. Des données précieuses pour dater les crimes.

Dans une ferme proche de Sydney, en Australie, dont l’emplacement exact est tenu secret, Alyson Wilson et son équipe font des recherches scientifiques d’un genre particulier… sur la décomposition des corps. Comment évolue un cadavre humain quelques heures après la mort, puis quelques jours, quelques semaines ou quelques mois ? Les chercheurs australiens ont notamment utilisé des vidéos en timelapse, en prenant un cliché du corps toutes les trente minutes pendant six mois, pour tenter de répondre à cette question : est-ce qu’observer la décomposition plusieurs fois par jour permet de gagner en précision dans la datation des cadavres ? La réponse était «non» – mais l’étude révèle par ailleurs que «la décomposition est accélérée la nuit», reste à savoir pourquoi. Ces conclusions sont utiles à la science forensique, celle qui fait avancer les enquêtes de police sur les scènes de crime.

De plus, avant la création de cette ferme australienne, «la majeure partie de la science de la décomposition se basait sur l’hémisphère nord, où le climat est différent, la météo est différente et même les insectes sont différents». Il s’avère que les corps ont tendance à se momifier plutôt qu’à se décomposer dans l’environnement de Sydney, même en été.

Dans une ferme australienne dont l'emplacement est secret, des chercheurs étudient la décomposition des corps humain à long terme.Dans la ferme australienne AFTER, pour «Australian Facility for Taphonomic Experimental Research». (Photo Université technologique de Sydney)

En observant ces cadavres de donneurs volontaires plus longtemps encore, sur une période de 17 mois, Alyson Wilson et son équipe ont découvert un phénomène intéressant : les membres du corps se déplacent au cours du temps, non seulement durant les premières phases de décomposition rapide, mais aussi longtemps après, quand toute la chair a disparu depuis longtemps. «Les bras bougent de manière significative. […] Un bras est monté puis redescendu se placer le long du corps, le touchant presque à nouveau.» C’est possiblement le résultat d’un rétrécissement et d’une contraction des ligaments qui s’assèchent. Il est donc prouvé qu’un corps trouvé longtemps après sa mort n’est pas forcément dans la position qu’il avait au moment du crime.

ParCamille Gévaudan

Print article

Leave a Reply

Please complete required fields